Réconcilier ville et vivant : de nouveaux imaginaires… et des financements

Pour mener la transition vers des villes qui réconcilient l’humain et le non-humain, l’inerte et le vivant, la nature et la culture, les acteurs de la fabrique de la ville ont-ils les moyens de leurs ambitions ?

Le chemin vers une biodiversité urbaine et systémique, que nous nous sommes attachés à emprunter dans le cadre de la Face A de cette newsletter, se construira probablement autour de deux axes indépassables : des imaginaires puissants pour la rêver et la concevoir ; des moyens et des outils pour la mettre en œuvre. Revue de liens pour nourrir ces deux volets.

(Nouvelles) utopies et (vieux) avatars de la biodiversité en ville

La ville, comme l’île, est par excellence le lieu de l’utopie, échelle à laquelle peut se placer l’imagination de designers, architectes, urbanistes, ingénieurs et inventeurs de tout poil qui peuvent y instaurer un ensemble parfaitement cohérent, harmonieux, fonctionnel. Dans ce que l’auteur de science-fiction Alain Damasio nomme la « bataille des imaginaires », la conquête mentale des représentations de la ville de demain se mène de tous bords. Et, pour (ré)activer l’imaginaire d’une ville-écosystème dans laquelle chaque noyau, chaque système travaille dynamiquement l’un pour l’autre, nombreux sont les avatars, inédits ou ré-actualisés, plus ou moins mythiques, invoqués. Outre les cas de concepts, comme celui de cité-jardin, qui ont une histoire liée aux décennies des grandes utopies urbaines, à cheval entre les deux derniers siècles, et qui connaissent leurs villes-modèles dans lesquels ils ont pu – et continuent à – se concrétiser, d’autres demeurent de séduisants cocons où la ville pourrait bien être de plus en plus tentée de se loger…

 

La cité-jardin collaborative de Homborch en Belgique (Coloco)

A Asnières, la cité-jardin des Grésillons va être rénovée (Les Echos)

À Vienne, un quartier sous les auspices de la « Biotope City » (Green4cities)

Une utopie au cœur de Paris : la Concorde verte (Djao-Rakitine)

À Londres, le mythe du gratte-ciel, végétalisé (PBC Today)

L’écosystème-ville au cœur d’un réseau d’écosystèmes : Amsterdam et ses zones humides (Bloomberg CityLab)

L’anti-NIMBY : « Not in my bat’s yard », ou la ville-sanctuaire d’espèces protégées (Curbed)

Une vision synoptique de la ville : les pionniers britanniques du planning urbain au XIXème siècle (revue Cities)

Présentation de “la plus belle avenue du monde” (les Champs Élysées) en 2030 par Philippe Chiambaretta (Leonard – 30 minutes pour demain)

 

Comment investir durablement dans la biodiversité urbaine ?

Pour transformer  les villes en véritables écosystèmes urbains, une question demeure centrale : celle du financement. Qu’il s’agisse d’investissements publics territoriaux à flécher dans cette direction ou d’investisseurs privés cherchant à créer de nouveaux services à pérenniser. Au Royaume-Uni, où est (timidement) mis à l’agenda un fonds qui financerait les infrastructures urbaines « vertes », l’argument mis en avant est dorénavant financier – un investissement initial conséquent, mais d’immenses économies réalisées sur les dépenses de santé, à moyen terme. Alors que le besoin de ce type d’infrastructures est très documenté, et que dans les métropoles françaises et européennes, les enjeux écologiques tendent massivement à trouver, dans l’opinion, une « majorité culturelle », l’enjeu prioritaire ne serait-il pas de transformer l’essai de la question financière ? Pour lever ces barrières liées au financement, certains projets reposent sur l’action et l’engagement des citoyens. Grâce à l’intelligence collective et à une approche bottom-up, ils contournent la question financière en réduisant drastiquement leurs coûts et en impliquant les citadins. Quid des nouvelles compétences que tout ceci requiert, et qui doivent s’infuser à tous les étages de la fabrique de la ville ?  Des questions qui touchent aussi, et de manière pas moins critique, les aires urbaines des pays en développement…

 

‘Spending £5.5bn To Expand Access To Green Space Would Reap £200bn In Benefits, Say Experts’ (Living Architecture Monitor)

Trees as infrastructure (EIT Climate–KIC, projet de l’Union européenne)

Actions, indicators, and outputs in urban biodiversity plans: A multinational analysis of city practice (article de recherche, collectif)

Le diagnostic environnemental, « indispensable dans tous les projets urbains » (Batiactu)  

Une « politique de l’arbre » en Seine-Saint-Denis (L’Echo d’Ile-de-France)

Fast-growing mini-forests spring up in Europe to aid climate (The Guardian)

Biodiversity post-COVID 19: Approaches and frameworks for conservation need to be revamped (Devdiscourse)

 

Bonus : retour dans le passé… du futur de la ville-écosystème  

L’idée d’une ville qui tirerait profit de ses écosystèmes naturels n’est (vraiment) pas neuve. Pour aider à la penser et à la mettre en œuvre, on évoque souvent la notion de « services écosystémiques » qui regroupent les services que la présence d’écosystèmes naturels d’un milieu donné peuvent rendre, précisément à ce milieu. Le concept, forgé dans les années 1970, est adapté au milieu urbain juste avant l’an 2000, notamment par un court travail de synthèse rédigé par Per Bolund et Sven Hunhammar, deux écologues suédois qui traitent du cas, comme souvent éclairant, de Stockholm. Les services en question ? Filtration de l’air, micro-régulation du climat, réduction sonore, drainage des eaux de pluie, traitement des eaux usées, valeurs culturelles et récréatives. Explications et cas d’école dans neuf pages de must-read absolu.

Ecosystem services in urban areas (Revue Ecological Economics, pdf)

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