Infrastructure superstar

Vous déposez chaque matin une offrande à votre connexion Internet ? Vous louez la chaîne logistique improvisée grâce au concours heureux de nombreuses personnes et au support technique qui favorise la continuité des services ? Vous savez que l’eau chaude qui coule de votre douche ne tombe pas du ciel ? Vous êtes mûr pour rejoindre le groupe très select’ des tenants de l’infra. Invisibles par temps calme, les infrastructures offrent à l’heure de la crise un baromètre significatif de la capacité d’adaptation de nos sociétés. Promises à la surcharge d’un côté ou à l'obsolescence de l’autre, elles témoignent aujourd’hui de notre capacité de rebond comme de notre sidération des premiers jours face à l'imprévisible.

1 – Covid-19, ou les infrastructures en lumière

Par définition, les infrastructures sont les fondations invisibles de nos activités quotidiennes. En période de crise et alors que souffle sur les villes la peur de manquer, cette discrétion n’est plus de mise. Comme l’ont prouvé les difficultés d’approvisionnement médical ou au contraire la bonne tenue des réseaux alimentaires, la crise met en lumière les failles comme les réussites. D’un point de vue optimiste, la pandémie actuelle permet un grand passage en revue de nos réseaux les plus fondamentaux. Pour beaucoup, c’est l’occasion rêvée de réorienter nos infrastructures face à l’urgence écologique, ou au creusement des inégalités. Green deals, lutte contre les fractures technologiques, ou rénovation des infrastructures de santé : peut-on espérer une grande mise à jour ?

To Rebuild Our Towns and Cities, We Need to Design a Green Stimulus (Jacobin)

Could COVID-19 give rise to a greener global future? (WEF)

COVID-19: Emerging technologies are now critical infrastructure – what that means for governance (WEF)

Makhtar Diop : « La crise du coronavirus révèle cruellement l’inégale répartition des bienfaits de la technologie » (Le Monde)

Selon la Smart Building Alliance, il faut établir un plan Marshall de l’infrastructure numérique (Batirama)

 

2 – Une infrastructure de plus en plus (géo)politique ?  

Donald Trump a réclamé un plan d’investissement de 2 000 milliards de dollars dans les infrastructures. La Chine devrait orienter ses plans de relance en direction du développement et de l’entretien des bâtiments et ouvrages de mobilité et de télécommunications. Pour les États, les infrastructures sont à la fois un levier interne et une arme de politique extérieure. Aujourd’hui, c’est la Chine qui déploie la stratégie la plus ambitieuse à ce sujet, avec pour ambition de ravir aux Etats-Unis un leadership mondial fragilisé.

‘Infrastructure Week’ Returns as Trump and Democrats Eye Post-Virus Jobs Plan (NYT)

China’s ‘new infrastructure’ projects, explained (technode)

Hitachi anticipates wave of Chinese infrastructure spending (FT)

Why infrastructure is the only way to fight a COVID-19 recession in the US (WEF)

Inside China’s controversial mission to reinvent the internet (FT)

China’s ‘Health Silk Road’ Gets A Boost From COVID-19 (Forbes)

 

3 – Une pandémie anti-urbaine ? 

Dans un article au titre volontairement provocateur, le New-York Times décrit le Coronavirus comme un annonciateur de la mort des villes. Au coeur de la vie collective, le mode de vie urbain et son hyperconnexion seraient mis à mal par la crise. Dans une réponse très argumentée, l’OUPblog souligne la versatilité historique des villes. Les très rares exemples de villes abandonnées ne doivent pas faire oublier la résurrection de Carthage, ou de San Francisco en 1906 et Hiroshima en 1945. Les auteurs concluent avec optimisme, citant les mots de Kipling “the cities rise again”. Selon eux, il ne s’agit pas tant de résilience planifiée (presque toujours inefficace), mais bien d’une “croyance ultime dans le projet humain”, dont les villes sont l’incarnation;

Can City Life Survive Coronavirus? (NYT)

The city will survive coronavirus (Oxford University Press)

 

4 – La cartographie, infrastructure de l’information de crise

Plus scrutés que jamais, plus limités que jamais, les déplacements au temps du Coronavirus donnent lieu à une mutation cartographique profonde. Alors que le mot d’ordre est au confinement, les grands outils numériques à l’image de Google Maps adaptent leurs services et indiquent désormais les drives ou les click & collect. Les cartes “faites maison” deviennent les témoignages touchants et spécialisés des évolutions à l’heure de la démobilité d’une vie métamorphosée. Les données géolocalisées de suivi de l’évolution de la pandémie sont devenues des tableaux de bord quotidiens pour des millions de personnes. Des grandes initiatives aux petits dessins griffonnés, l’évolution rapide de la cartographie nous rappelle – en écho aux mots de Zola dans La Débâcle – que pour gagner une guerre, il faut connaître son territoire :

“C’est idiot tout de même ! Comment voulez-vous qu’on se batte dans un pays qu’on ne connaît pas !” Le colonel eut un vague geste désespéré. Il savait que, dès la déclaration de guerre, on avait distribué à tous les officiers des cartes d’Allemagne, tandis que pas un, certainement, ne possédait une carte de France.”

Waze, Google Maps, Apple… Les services de cartographie repensent leurs fonctionnalités à cause du Covid-19 (L’Usine Digitale)

Your Maps of Life Under Lockdown (Citylab)

Coronavirus Outbreak Maps Rooted in History (Citylab)

Meet The Team Behind The Coronavirus Tracker Watched By Millions (NPR)

COVID-19 GIS Hub (ESRI)

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